Le Français (19 v) n’a pas tremblé, le 16 février, à la Soucoupe de Saint-Nazaire, pour s’emparer du titre vacant de l’Union européenne des welters aux dépens de l’Espagnol Aitor Nieto (21 v, 1 n, 5 d), logiquement battu aux points, à l’unanimité des juges (117-111, 116-113, 118-112).

Les deux hommes entamaient les hostilités en usant à satiété de leur bras avant. D’emblée, les débats étaient d’une excellente facture sur le plan technique, chacun misant sur l’explosivité et cherchant à enchaîner sans se précipiter mais, au contraire, en soignant la gestuelle. Toutefois, dans les trois premiers opus, c’est l’Ibère qui se montrait légèrement plus incisif en avançant et en passant son bras arrière. Conscient qu’il ne fallait pas laisser le visiteur s’installer et prendre confiance, Jordy Weiss cessait de reculer à compter de la quatrième tout en s’évertuant à mettre en pratique les consignes de son coin. En l’occurrence, de continuer à construire pour placer sa droite et de tourner du bon côté, histoire de ne pas s’empaler sur celle de l’Espagnol.

Il y parvenait de plus en plus fréquemment même si l’on pouvait regretter un manque de continuité dans ses offensives car il n’enfonçait pas toujours le clou une fois qu’il prenait l’ascendant. Il n’empêche, c’était bien le Français qui touchait le plus souvent grâce à ses crochets courts. Néanmoins, il avait le défaut de ne pas assez remiser sur les contre-attaques de son rival, voire d’enclencher un peu trop prestement la marche arrière. Un réflexe dommageable car il ternissait l’excellente impression que Jordy Weiss produisait à chaque fois qu’il accélérait.

A la mi-combat, le Tricolore creusait l’écart en travaillant à mi-distance et de près, délivrant des séries qui alliaient puissance et précision pour surprendre Aitor Nieto. A force d’encaisser, ce dernier se délitait quelque peu et se révélait moins tranchant mais tout aussi vaillant et courageux. Dans la huitième, le pugiliste d’Oviedo se montrait dangereux avec sa droite et profitait des largesses défensives du Lavallois qui ne collait pas suffisamment ses mains sur son visage pour se protéger. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que son entraîneur, David Rebrassé, lui demandait de faire preuve de davantage de vigilance et d’être plus mobile sur les jambes pour ne pas se faire « attraper ».
L’hommage de Mahyar Monshipour
N’ignorant pas que son avance sur les bulletins des juges n’était pas conséquente au point de constituer une véritable marge de sécurité, le Mayennais ne levait pas le pied et martelait l’arrière de la tête de l’Espagnol avec ses cross. Une performance physique d’autant plus remarquable qu’il disputait le premier duel en douze ronds de sa carrière. Revers de la médaille, il se découvrait parfois inconsidérément face à un adversaire qui, lui, jouait son va-tout dans l’espoir d’inverser la vapeur. Ce qui provoquait l’ire de son coach, lequel le sermonnait : « Ce n’est pas normal que tu prennes des coups bêtes comme ça ! Ne te laisse pas enfermer ! Ne fais pas le c…, ne prends pas de risque ! Sois intelligent ! » Jordy Weiss écoutait son mentor, répliquant sans faiblir ni négliger les esquives et les blocages. De quoi préserver l’essentiel et se parer d’une ceinture synonyme de prometteuses perspectives continentales.

« C’est magnifique ! J’étais bien car je m’étais préparé comme il fallait, notamment en allant en Angleterre, à Los Angeles et à Las Vegas, expliquait le héros de la soirée. Je n’ai pas voulu prendre de risques mais, au contraire, boxer en étant aérien. J’aimerais bien défendre ma ceinture et la garder le plus longtemps possible. » Et de recevoir l’hommage de Mahyar Monshipour qui officiait comme consultant sur l’antenne de SFR Sport : « Jordy, je te connaissais de nom et là, je t’ai découvert. Pour un gamin de vingt-quatre ans, ce que tu as fait, c’est fort. Prends ton temps, c’est super ! »
Source : http://www.ffboxe.com
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photo : LCreation Graphiste pour BoxingMag TV
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